Hans Theys is a twentieth-century philosopher and art historian. He has written and designed dozens of books on the works of contemporary artists and published hundreds of essays, interviews and reviews in books, catalogues and magazines. All his publications are based on actual collaborations and conversations with artists.

This platform was developed by Evi Bert (M HKA / Centrum Kunstarchieven Vlaanderen) in collaboration with the Royal Academy of Fine Arts in Antwerp (Research group Archivolt), M HKA, Antwerp and Koen Van der Auwera. We also thank Idris Sevenans (HOR) and Marc Ruyters (Hart Magazine).

ESSAYS, INTERVIEWS & REVIEWS

Edith Dekyndt - 2009 - La recherche éternelle de spécificité [FR, essay]
Text , 7 p.


 

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Hans Theys


La recherche éternelle de spécificité
Quelques mots sur la poésie d’Edith Dekyndt



Préambule

Habitant un hutong secret situé dans le sud du pays, l’artiste Edith Dekyndt (1960) crée une œuvre diversifiée, légère, surprenante et cohérente. Hier j‘ai rencontré pour la première fois cette personne, qui a eu l’amabilité de me parler de quelques de ces œuvres, créées durant les vingt dernières années. Créées ou ne pas créées, car en parlant de ces œuvres elle ne fait pas de distinction entre des œuvres déjà réalisées ou exposées et des œuvres qui sont restées dans un stade d’idée ou d’envie. C’est une approche qui me touche. J’aimerais citer des œuvres qui ne sont pas mentionnées par l’artiste ci-dessous : il s’agit de petits films dans lesquels on la voit jongler avec une bande élastique. Ce qui m’émeut dans cette pièce, c’est la légèreté, la non-existence, presque, de la pièce. On ne sent pas une volonté d’objet, ici. Le monde commercial et même le monde artistique ne sont que des suites d’un grand nombre d’envies individuelles. L’œuvre de cette artiste n’est pas issue de ces mondes, elle y débouche.

Lorsqu’on visite le site web d’Edith Dekyndt, on y rencontre d’abord la phrase « Universal Research of Subjectivity ». Et en effet, ces œuvres diverses nous frappent comment des multiples approches d’un monde qui ne se laisse pas résumer en quelques mots ou quelques gestes et qui semble se multiplier et se diversifier sans trêve sous le regard des artistes et des scientifiques.

Pour des raisons similaires, j’ai toujours essayé de saisir ce qui est spécifique et individuel dans une œuvre d’art. Confronté à l’impossibilité de les « comprendre », j’ai toujours préféré prolonger cet état de non compréhension et de désarroi avec le faible espoir d’en saisir au moins des éléments qui les rendaient uniques.


Une vingtaine d’œuvres

1
La première œuvre n’a survécu que sous la forme d’une petite photo en couleurs. Il s’agit d’une intégration dans un parc public : un tuyau souterrain produisant de temps en temps un petit nuage gris.

2
Il y a deux ans, j’ai été opéré pour enlever des dents de sagesse. En ce faisant, le médecin a écrasé un nerf. Depuis ce jour, je souffre d’une douleur chronique. J’ai toujours été intéressé dans des états altérés de conscience, par exemple dans l’hypnose. Dans ce travail, ces deux éléments de ma vie semblent se rencontrer. Au début je ne savais pas ce que je faisais. Je me trouvais dans un hôtel et je me suis mis à dessiner ces cercles en enfonçant des aiguilles dans une feuille de papier. J’ai fait onze dessins comme ça. C’était hyper stressant à faire. D’un côté on voit un beau cercle, de l’autre côté on voit les pointes des aiguilles et on sent la douleur. La douleur dont je souffre se fait sentir comme des milliers d’aiguilles qui sont enfoncées dans ma langue.

3
Celle-ci est une pièce à faire. Le principe plastique est une série de projections sur un mur peint avec une peinture phosphorescente. Il y a vingt projections. Entre chaque projection il y a un moment de noir dans lequel les images apparaissent et disparaissent. Le but était de faire des images animées avec des images fixes. Les images projetées sont 20 dates du vingtième siècle, formées avec des chiffres de réveil. Il s’agit de vingt jours dont je me souviens, même avec le temps qu’il faisait. J’ai vérifié le temps dans des vieux Soirs. Mes souvenirs étaient assez corrects… Je pense que je resterai toujours quelqu’un du vingtième siècle, parce que je suis né dans ce siècle…

4
En bas d’une image vidéo, nous voyons deux bouts de doigts légèrement frotter l’un sur l’autre. Y sort de l’encre noir qui lentement se répand vers le haut de l’image. « Il s’agit d’un petit glaçon d’encre noir », nous raconte l’artiste, « la forme changeante du dessin résulte du fait que l’encre se répand différemment dans de l’eau de température différente. L’eau est plus froide en bas de l’image (la où les glaçons fondent) qu’en haut.’

5
Lors d’un séjour au Canada, j’ai gardé tous les codes bar des articles que j’ai achetés. Je voulais en faire un film cinétique. Ce qui me fascine dans les codes bar, c’est que les machines ne lisent que ce code et sont aveugles pour le reste de l’emballage.

6
J’allume une télévision, je la mets sur CNN ou MTV (je préfère qu’il s’agit d’images vues par beaucoup de gens) et je la mets près d’un mur. Là, une camera vidéo filme le reflet des images sur le mur. Cette image filmée est projetée en direct sur un autre mur. Ce que j’aime, c’est que je filme un reflet qui au même moment se projette dans des millions d’espaces. À Venise, au Palazzo Franchetti, et en Allemagne cette image n’était projetée que la nuit, au Hessenhuis à Anvers jour et nuit. Au Palazzo Franchetti on voyait la lumière projetée (vert, bleu et jaune) à travers une très grande fenêtre qui donnait une échelle étrange à tout le bâtiment. On croyait voir une pièce habitée par ma lumière. C’était un effet très cinématographique qui faisait pensé aux films d’Orson Welles et de Hitchcock.

7
La pièce suivante s’appelle « Any resemblance with persons living or dead is purely coincidental ». Je l’ai faite en 2004 pour l’endroit BPS22 à Charleroi sur invitation de Pierre Olivier Rollin. Le BPS22 est un lieu d’art contemporain super grand : 2000 mètres carrés. C’est un très beau bâtiment, construit à la fin du 18ème siècle avec une très belle verrière. Il hébergeait une école technique. Le grand hall était sensé être utilisé tous les deux ans pour une biennale où les étudiants pouvaient être confrontés à des nouveautés techniques. Cela c’est passé une fois. Ils y ont montré des avions. J’y avais une expo solo et tout le monde me demandait comment j’allais remplir cet espace. J’ai décidé de le vider autant que possible et de mettre les visiteurs au centre de l’exposition. Ce qu’il y avait à voir, c’était une sorte de petite estrade sur laquelle on voyait un visiteur portant un casque avec des lunettes intégrées. À ce moment, je venais de faire la connaissance d’une sorte d’hypnose médicale qui te fait travailler le cerveau droit. Cela a un effet pendant au moins 15 jours. En 1997 la firme Sony avait lancé le Glasstron : un casque combinant un écouteur et deux écrans LCD. En Europe ce produit n’a pas marché, mais bien au pays asiatiques. J’en ai trouvé quatre sur Ebay. J’ai demandé à des jeunes gens de me construire un casque basé sur le même principe, mais avec une apparence plus low tec, comme les engins fabriqués par Anakin dans Star Wars. Avec ce casque, j’ai voulu un peu hypnotiser les visiteurs. S’ils le mettaient, ils voyaient et entendaient des choses bizarres, mais vraies : une série de choses qui m’avaient intriguer et que j’avais noté sur des dépêches. Il y avait, par exemple, un fragment d’un documentaire sur les dodos. Une autre chose que les visiteurs apprenaient, c’est que la taille et le poids d’un enfant qui grandit n’augmentent jamais simultanément : de mars à novembre ils grandissent, de novembre à mars leur poids augmente.

8
Celle-ci est une pièce assez ancienne. Je me demandais si c’était possible de photographier rien. Ce sont des centaines de photos de cieux bleus sans nuages, que j’ai prises pendant des années en commençant en 1997.

9
« Gowanus » (2008) consiste de photos que j’ai prises à New York. Ce sont des vues en gros plans d’un canal très pollué. De temps en temps, des gouttes d’huile remontent à la surface du canal et se dispersent. D’abord elles forment des flaques irisantes, puis ces flaques deviennent nébuleuses. J’ai essayé de les photographier juste avant qu’elles ne disparaissaient. J’ai imprimé ces photos au jet d’encre, car sur du vrai papier photo elles devenaient trop vraies. Maintenant les images ont plutôt la matière d’une gouache. Elles font penser à des illustrations d’encyclopédie.

10
Cette pièce date de 2005. Elle s’appelle « Alpha-Zulu ». Il s’agit d’une projection vidéo qui dure 30 secondes en boucle et qui consiste de 120 images de drapeaux de nations. C’est un travail sur les images rémanentes : des images que l’on croit voir, mais que l’on ne voit pas vraiment.

11
Avant, lorsqu’on copiait des vidéos, à chaque fois on avait une perte de qualité. J’ai voulu rendre hommage à cette chose qu’on perdait en recopiant 15 fois un passage d’une épisode de Derrick. À la fin, le film devient complètement noir.

12
Celle-ci est une pièce assez ancienne. Une caméra filme la poussière qui danse dans un cône de lumière. L’image est projeté immédiatement.

13
J’ai toujours été préoccupé par des états altérés de conscience, par exemple par la Dream Machine de Brian Gysing, qui active les ondes alpha dans le cerveau. Dans le monde de la médecine alternative, ils créent des états semblables avec une lumière blanche stroboscopique. Ici, je me suis demandé comment je pouvais créer moi-même une lumière blanche stroboscopique. En pensant à Newton, j’ai créé une vidéo qui consiste de plans colorés en magenta, cyan et jaune qui se succèdent image par image, 24 images par secondes. La vidéo est généralement projeté dans une pièce qui en est éclairé complètement.

14
Celle-ci est une pièce pas faite. Elle consiste d’une vidéo qui serait projetée par la fente en-dessous d’une porte. Mais c’est très difficile de projeter une vidéo sous une porte.

15
Ici j’ai créé une image de rideau en filmant la mer de telle façon que les mouvements des vagues créent l’illusion d’un rideau ou d’un drapeaux flottant dans le vent. J’adore les rideaux. Je crois que je vais mettre beaucoup de rideaux au Witte de With. Des voiles… Pas pour occulter, mais pour projeter des images, pour qu’on voit les images derrière les voiles, qui fonctionneraient comme une sorte de filtre… J’aime bien regarder des expos comme des films. Souvent je pense à THX, cette espèce d’image flottante…

16
Ici je tiens une membrane d’eau savonneuse entre mes doigts. C’est un objet provisoire. Je l’ai fait trois fois. Une fois en Belgique, une fois en Afrique et une fois en subartique, dans la Newton Bay, où la membrane a gelé et s’est envolé. C’est assez difficile à faire.

17
« Dead Sea Project » est une pièce qui n’existe pas. In 2000-2001 j’ai voyagé en Israel et j’ai voulu voir la mer morte. C’est un endroit qui ma hypnotisé. Lorsqu’on y arrive en partant de Jérusalem, on traverse d’abord le désert. Quand on arrive près de l’eau, on a l’impression de voir de l’or liquide. On ne pense pas que c’est la mer : il n’y a pas de vie dedans, pas de végétaux ou d’animaux. C’est un espace de vide, sans vie. Ce n’est pas étonnant que ce lieu ai vu naître les trois religions monothéistes. J’ai pris un masque pour regarder sous l’eau, et cela donnait aussi un effet d’or liquide. Depuis ce jour-là, j’ai envie d’y retourner pour aller filmer cet effet doré sous l’eau.

18
Cette pièce s’appelle « Ground Control ». C’est un ballon noir rempli avec un mélange d’air et d’hélium qui se déambule dans un espace. C’est un objet en suspension. Je m’étais demandée si c’était possible de faire planer un ballon. Un homme qui construit des montgolfières m’a aidé avec les calculs et la fabrication. Le ballon se comporte comme un être vivant. De temps en temps il faut lui donner un peu à manger, car l’hélium s’échappe. Au début les gens ont toujours peur de son autonomie, mais après il s’attache à lui, ils ne veulent plus qu’on le dégonfle.

19
Ça c’est un drapeau que j’ai fait pour une exposition qui s’appelait « Borders of Perception » et qui avait lieu à Enschede, près de la frontière allemande. D’abord je voulais faire un drapeau avec un tissu bleu, de sorte qu’il se dissoudrait dans le ciel bleu, mais finalement j’ai opté pour un drapeau en plastique transparent, que j’ai trouvé chez un monsieur qui fait des ballons. C’est un plastique qui n’est pas cassant, qui se comporte comme un tissu.

20
« I Remember Earth » est le résultat d’une micro-production organisée par Anne Pontégnie. On recevait 1000 Euros pour réaliser une pièce en six semaines. La pièce devait concerner la Belgique. Ces contraintes me plaisaient. Pour moi, la Belgique c’était la lumière que l’on voit si on regarde la terre depuis l’espace. Alors l’idée était de répandre la rumeur que le 21 décembre tout le monde allait éteindre la lumière pendent 2 ou 3 minutes.


Epilogue

Une œuvre que j’adore ne fait pas partie des œuvres mentionnées par l’artiste ci-dessous : il s’agit de petits films dans lesquels on la voit jongler avec une bande élastique. Ce qui m’émeut dans cette pièce, c’est la légèreté, la non-existence, presque, de la pièce.

Mon œuvre préférée est la solution savonneuse formant une toison entre les pouces et les index rejoints des deux mains de l’artiste. Tel l’aurore boréale, cette toison prend des milliers de couleurs continuellement changeantes. Une des trois versions filmées de cette pièce nous montre comment la toison gèle et s’envole comme une fine feuille de papier calque. J’adore des nouvelles formes, qui s’ajoute à l’immense richesse des formes générées sur notre planète.

Dans un pourparler pour la radio canadienne, le célèbre ethnologue Claude Lévi-Strauss tente de nous expliquer en quoi, selon le prétendu ‘structuralisme’, consiste la ‘signification’ d’une chose. Si nous prenons deux ou trois mythes provenant de cultures très différentes et très éloignées géographiquement, dit-il, nous leur trouverons parfois des éléments communs, comme par exemple la présence de jumeaux. Eh bien, conclut-il, la ‘signification’ de ces mythes réside dans ce qu’ils ont en commun. Pour pouvoir vous expliquer ce que j’aime dans le travail d’Edith Dekyndt, j’aimerais retourner ce raisonnement, ont mettant que, tout au contraire de ce que propose Lévi-Strauss, la ‘signification’ de mythes ne réside pas dans ce qu’ils ont de commun, mais bien dans ce qu’ils ont de spécifique. En effet, l’on pourrait démontrer facilement que les éléments récurrents dans les mythes, les histoires, les romans, les films ou les œuvres d’art, sont des éléments constructifs, c.à.d. des éléments qui sont indispensables pour la construction d’un mythe ou d’une œuvre d’art. Sans ‘jumeaux’, l’on ne peut pas construire une œuvre d’art. Évidemment, cela ne veut pas dire que la présence de ‘jumeaux’ dans une œuvre n’ait pas de signification. C’est clair que l’image  de jumeaux suscite beaucoup de pensées et d’émotions en nous, ne fût-ce que par sa capacité de donner forme à notre peur de ne pas être unique et cet autre peur jumelle : celle de n’être pas comme les autres. L’image des jumeaux n’est donc pas sans signification. On pourrait même dire que sans elle le mythe ne serait pas possible. Seulement, elle n’en fait pas la richesse totale. Elle n’est qu’une condition nécessaire, pas une condition suffisante.

Lorsqu’un biologiste étudie une espèce d’oiseau, il n’étudie pas ce que cette espèce a de commun avec les autres oiseaux : il ou elle se concentre sur ce qui lui est spécifique. La richesse de notre monde réside dans le fait incroyable qu’il y ait plus qu’un million d’espèces d’insectes différents. Tant de fleurs ! Tant d’arbres ! Tant d’herbes ! (Et si peu de primates : fruits d’une petite et bancale branche de la chaîne évolutionnaire.)

Tout ceci deviendra plus claire en comparant une œuvre de Edith Dekyndt avec des œuvres de trois artistes dont je connais mieux le travail. La pièce à laquelle je pense s’appelle « Ground Control » et consiste d’un grand ballon noir rempli avec un mélange d’air et d’hélium. L’objet, suspendu en l’air, se déambule librement dans l’espace. Voici une belle œuvre, libre et pleine de poésie de par sa forme simple et son comportement incongru. Cette œuvre m’a subitement fait penser à « Aquarium » (1990), une des pièces majeures d’Ann Veronica Janssens. Là aussi, il s’agit d’un objet sphérique en suspension qui se déambule librement : un décilitre d’huile de silicones versé dans une solution de méthanol et d’eau distillée. La boule de silicone est toujours en mouvement, reflètant l’environnement toujours d’une façon légèrement différente. Le ballon d’Edith Dekyndt nous fait penser également à plusieurs œuvres de Michel François basée sur le gonflement d’un ballon noir. Dans une vidéo montrant cet action, le ballon gonflant cache la personne qui souffle dedans, puis reflète l’environnement, puis redevient transparent. La troisième œuvre que j’aimerais mentionner ici est créée par Joële Tuerlinckx et consiste d’un ballon blanc flottant dans un espace à une hauteur de 50 cm. Les fenêtres sont ouvertes. Attaché à ce ballon avec une ficelle est un crayon, qui écrit par terre, mouvementé par le ballon, qui lui-même est mis en mouvement par un courant d’air provenant des fenêtres ouvertes.

Quels sont les éléments communs à ces pièces ? D’abord la forme sphérique et momentanée des ballons ou de la boule. Puis l’équilibre provisoire de cette forme, le mouvement, les reflets. La volonté de créer une situation sculpturale sans objet fixe, sans socle, sans monumentalisation. La volonté de faire vivre un environnement en y ajoutant une proposition sculpturale en mouvement, légère, non contrôlée. Cependant, malgré ces éléments en commun, les pièces sont très différentes. Elles ne sont sûrement pas identiques formellement. En plus, ces différences formelles indiquent des différences thématiques, qui démontrent comment un mythe puisse emprunter sa signification à ces conditions spécifiques et non à sa ressemblance avec d’autres mythes : L’œuvre d’Ann Veronica Janssens nous révèle la discontinuité de notre perception et elle ouvre sur ce qu’elle a appelé Super Space : la richesse potentiel de l’espace et de la lumière qui nous entourent ou qui se trouvent en nous. L’œuvre de Michel François nous montre une rencontre entre l’espace privé et l’espace public. L’œuvre de Joëlle Tuerlinckx nous montre comment elle invite le hasard à interférer dans son travail.

Et l’œuvre de Edith Dekyndt ? Qu’est-ce qu’elle nous montre ou démontre ? Je n’en sais rien. Heureusement. Et je tenterai de remettre le moment d’une prétendue compréhension de cette œuvre aussi longtemps que possible, pour pouvoir continuer à en jouir dans une innocence maximale. On a quelques tuyaux, qui nous sont donnés par l’artiste elle-même, mais qui ne nous permettent sûrement pas de clore cette affaire : « Je suis low cost », m’a-t-elle dit, « je n’ai quasi jamais fait de pièce. Mon travail n’est pas abstrait. Je ne me sert presque jamais de ready-mades. Ce qui est important dans mon travail, c’est le contexte. Si je fais quelque chose en Afrique, c’est que j’ai trouvé ça essentiel. Mes pièces cherchent un certain réel, tout en restant des gestes poétiques ».


Montagne de Miel, 25 janvier 2009