Hans Theys est un philosophe du XXe siècle, agissant comme critique d’art et commissaire d'exposition pour apprendre plus sur la pratique artistique. Il a écrit des dizaines de livres sur l'art contemporain et a publié des centaines d’essais, d’interviews et de critiques dans des livres, des catalogues et des magazines. Toutes ses publications sont basées sur des collaborations et des conversations avec les artistes en question.

Cette plateforme a été créée par Evi Bert (Centrum Kunstarchieven Vlaanderen) en collaboration avec l'Académie royale des Beaux-Arts à Anvers (Groupe de Recherche ArchiVolt), M HKA, Anvers et Koen Van der Auwera. Nous remercions vivement Idris Sevenans (HOR) et Marc Ruyters (Hart Magazine).

Panamarenko

°1940 †2019
Died in Michelbeke, BE
Born in Antwerpen, BE

L’artiste belge Panamarenko (pseudonyme de Henri Van Herwegen) étudie de 1955 à 1960 à l’Académie des beaux-arts d’Anvers, mais il passe le plus clair de son temps à la bibliothèque de la ville sur la Conscienceplein, où il élargit ses connaissances scientifiques et techniques. Son œuvre est constituée d’engins volants, de voitures, de sous-marins, de dirigeables et de poulets préhistoriques errants. En tant qu’artiste polyvalent, il est considéré comme un inventeur, un mathématicien, un poète et un visionnaire.

Le père de Panamarenko est ingénieur en électronique au port d’Anvers et son grand-père est architecte. Dès son plus jeune âge, il est donc familiarisé avec la technique et les constructions spatiales. Après ses études, il commence en 1963 à exposer ses premières « œuvres spontanées » (« Plaques de cuivre avec impacts de balle »). Au milieu des années 60, il co-organise des happenings publics dans le centre-ville et il édite le magazine pamphlétaire Happening News. Après de nombreux problèmes avec la police à cause de perturbations de l’ordre public, il trouve un refuge artistique à la galerie Wide White Space d’Anvers, qui est alors gérée par Anny De Decker. Il entre ainsi en contact avec des artistes comme Joseph Beuys, Bernd Lohaus, Marcel Broodthaers et Richard Long. Anny De Decker, qui était à ce moment aussi une journaliste pour la Gazet Van Antwerpen, diffuse une explication inventive au monde en dévoilant que le nom Panamarenko est une contraction de Pan American Airlines & C°. En réalité, l’artiste a choisi ce pseudonyme après avoir entendu le nom russe Panteleimon Ponomarenko sur une chaîne de la DDR.

Panamarenko apparaît régulièrement en public avec des collègues artistes comme Hugo Heyrman, Yoshio Nakajima et Wout Vercammen. Panamarenko porte soit un costume blanc sur mesure, soit un uniforme militaire avec un képi. Les différents numéros de Happening News relatent les happenings qu’ils ont organisés ensemble entre 1965 et 1966 sous le nom de « Groupe d’action libre d’Anvers » (V.A.G.A.). Les années qui ont suivi, Panamarenko commence la construction de deux de ses engins les plus emblématiques : le vélo volant Das Flugzeug (1968) et l’imposant dirigeable The Aeromodeller (1971). Il imagine ensuite des mécanismes pour faire bouger les ailes d’insecte, même avant les scientifiques eux-mêmes, et il dessine un projet convaincant de vaisseaux spatiaux pilotés qui utilisent les forces magnétiques dans le cosmos. En 1966, il commence à souder son énorme sous-marin Pahama Novaya Zemblaya en étant convaincu qu’il naviguerait jusqu’au pôle Nord avec celui-ci. Entre-temps, il bricole des robots qui marchent, des hannetons volants et plusieurs hélicoptères sac à dos pour s’élever dans le ciel à la verticale. 

Il est finalement impossible d’associer l’œuvre de Panamarenko à un certain style ou courant, car elle est tellement unique, immense et innovante. Panamarenko a toujours exploré de nouvelles pistes dans le domaine du dessin, de l’écriture ou des calculs graphiques. Il présente des choses qui ne sont pas totalement visibles en utilisant l’humour, l’imaginaire et la fantaisie. L’association de la vision artistique et de l’expérimentation technologique fait en sorte que ses constructions spectaculaires reflètent une certaine beauté mystérieuse, à la fois de manière ludique et impressionnante.

« Je ne suis pas un scientifique ni un créateur d’œuvres d’art. Le plus important pour moi est d’imprégner parfois mes créations d’une touche de poésie. »

En 2005, il annonce la fin de sa carrière artistique. Le fax qu’il envoie à ses galeristes et à ses collaborateurs est aussi concis qu’inattendu : 

« Nous sommes en 2005 et j’ai 65 ans. Je cesse toutes mes activités. Meilleures salutations. Panamarenko. »

En 2007, l’artiste offre son ancienne maison avec son atelier et l’intégralité de son mobilier artistique au M HKA, qui se charge de la restauration et du réaménagement original du bâtiment avec l’aide de l’ASBL Panamarenko Collectief constituée de l’archiviste Paul Morrens, de l’architecte Luc Deleu et de l’auteur Hans Willemse. Le résultat est la reconstruction authentique d’un biotope excentrique. La maison de l’artiste peut être visitée sur rendez-vous via le M HKA.

HW

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